Le Yoga de la Physique
Pour ce premier post sur le Blog de TheYogiGuy, je me suis laissé aller à vous partager un texte un peu long sur une thématique un peu... imposante.
C'est un extrait d'une conférence donnée par Franck Capra (auteur du "Tao de la Physique") lors du Symposium de Los Angeles "Physique et Métaphysique" du 29 octobre 1977. Lors de cette conférence, Franck Capra, physicien de renom, explique les liens entre les découvertes de la physique quantique et les intuitions des grands sages de l'Inde sur la nature même de la matière. C'est une toute nouvelle vision de l'univers qui s'offre à la science et cette vision correspond terriblement à celle que les yogis avaient déjà depuis des millénaires.
Cet extrait est reproduit par Swami Vishnudevananda dans son livre "Méditation et Mantras".
Je le reproduis à mon tour parce que je le trouve tout simplement passionnant. Alors oui, peut-être ca manque un peu de légèreté mais en même temps ca pose direct un fait:
on est pas là pour parler tricot! :)
"Quelle sont la nature et l'origine de l'univers? Quelle est la nature de l'existence humaine? En quoi consiste la matière? Quelle est la relation entre l'esprit et la matière? Qu'est-ce que l'espace? Qu'est-ce que le temps? À travers les âges, les hommes et les femmes ont été fascinés par ces questions. Différentes approches ont été développées dans divers contextes culturels et à différents moments.
Les artistes, les scientifiques, les shamans, les mystiques, tous ont leur propre façon de décrire le monde, verbalement ou non. Nous allons considérer surtout deux approches: d'un côté, nous nous préoccupons de la science occidentale moderne et de l'autre, du mysticisme oriental, en particulier la tradition du yoga. Nous verrons qu'ils mènent à des vues du monde très similaires.
Mon domaine est la physique, une science qui, au XXème siècle a abouti à repenser radicalement plusieurs de nos concepts fondamentaux qui concernent la réalité. Par exemple, en physique subatomique le concept de matière est très différent de l'idée traditionnelle d'une substance matérielle telle qu'on la soutenait en physique classique. Il en est de même pour les autres concepts de réalité, tels que l'espace, le temps, les objets ou la causalité. Tous ces changements dans nos concepts de la réalité font apparaître une nouvelle vision du monde. Elle s'avère être très proche de celles des mystiques de tous les âges, et de toutes les traditions, en particulier des philosophies religieuses d'Extrême Orient: Hindouisme, Bouddhisme, Taoïsme.
Dans la tradition du yoga, on dit qu'il y a plusieurs chemins, tous conduisant à la connaissance spirituelle et à la Réalisation du Soi. Je crois que la physique moderne peut être aussi, jusqu'à un certain point, un chemin. Sa vue de l'univers est en harmonie avec celle des grands yogis et sages. C'est dans ce sens que je veux parler du yoga de la physique.
La physique classique occidentale a ses racines dans la philosophie des Atomistes Grecs du Vème siècle, une école philosophique qui voyait la matière composée de particules de base appelées atomes. On croyait qu'elles étaient de morceaux de matière dure, solide et fondamentalement passive. On disait que cette matière inerte changeait à cause de forces naturelles extérieures et de catégories entièrement différentes et provenant du royaume spirituel. Ainsi une dichotomie fût créée qui devint la base de la pensée occidentale des siècles suivants. Elle donna naissance au dualisme entre l'esprit et la matière, entre le mental et le corps.
En contraste avec la vision mécanique de la science occidentale classique, la vision orientale est plutôt une vision organique, holistique ou écologique. Les choses et les phénomènes sont perçus comme étant des manifestations différentes de la même réalité. La division du monde en objets séparés, bien qu'utile et pratique sur le plan de tous les jours, est considéré comme une illusion - maya- comme disent les Hindous. Pour les mystiques occidentaux, le caractère des objets est fluide et change constamment. Le changement et la transformation, le flux et le reflux, jouent un rôle essentiel dans leur vision du monde. Ils voient le cosmos comme une réalité indivisible et toujours en mouvement. Il est à la fois vivant, organique, spirituel et matériel. Aujourd'hui, la physique moderne en arrive à une opinion très similaire.
Au XXème siècle, les scientifiques occidentaux commencèrent à explorer l'atome. Ils découvrirent que les atomes n'étaient pas durs et solides, mais formés principalement d'espace vide. Chaque atome a un minuscule noyau, fait de particules autour desquelles tourbillonnent d'autres particules. D'abord, les scientifiques décidèrent que ces particules subatomiques étaient les blocs fondamentaux et essentiels de la matière, mais ils découvrirent que ceci était faux quand, dans les années 1920, la théorie des quantas, la base théorique de la physique atomique, a été formulée.
La théorie des quantas démontrait que les particules subatomiques n'avaient aucune signification en tant qu'entités isolées, mais pouvaient seulement être comprises comme des interrelations entre diverses opérations d'observation et de mesure. Les particules ne sont pas des objets, mais des interrelations entre les objets et ces objets sont des interrelations entre d'autres objets, et ainsi de suite.
Ainsi, la théorie des quantas révèle une unité fondamentale de l'univers. Elle montre que nous ne pouvons pas décomposer le monde en unités minuscules existant indépendamment. Lorsque nous pénétrons dans la matière, la nature ne nous montre aucun élément de base isolées, mais apparaît plutôt comme des entrelacs compliqués de relations entre les différentes parties d'un tout unifié.
En outre, ce réseau de relations est en soi dynamique. Selon la théorie des quantas, la matière n'est jamais en repos, mais toujours en état de mouvement. Macroscopiquement, les matériaux qui nous entourent peuvent paraître morts et inertes, mais si vous grossissez une pièce de métal ou une pierre au microscope, vous réalisez qu'elles sont toujours pleines d'activités.
La physique moderne dépeint la matière comme passive et inerte mais dansant et vibrant continuellement. ceci ressemble beaucoup à la description du monde que donnent les mystiques orientaux. Ceci souligne que l'univers doit être compris sous son aspect dynamique. Ses structures ne sont pas statiques et rigides mais devraient être considérés comme un équilibre dynamique.
Les physiciens parlent de la danse continue de la matière sub-atomique qui est en perpétuel mouvement. En fait, ils ont utilisé les termes: "Danse de création et de destruction" ou "danse de l'énergie". Ceci vient naturellement à l'esprit quand vous voyez certaines photos de particules prises par les physiciens dans leur laboratoires.
"Bien sûr, les physiciens ne sont pas les seuls à parler de la danse cosmique. Le plus bel exemple de cette métaphore existe peut-être dans l'Hindouisme, avec l'idée de la "Danse du Seigneur Siva". Siva est la personnification de la danse cosmique. Selon la tradition indienne, toute vie est une interaction rythmique de mort et de naissance, de création et de destruction.
"Les artistes indiens ont créé de belles peintures et sculptures du seigneur Siva dansant. Ces statues représentent la danse cosmique comme les filaments lumineux photographiés par les physiciens modernes dans leurs laboratoires. Ce sont des graphiques modernes de la danse de Siva obtenus grâce à nos procédés technologiques occidentaux les plus modernes et les plus avancés. Pour moi, l'effet produit est aussi beau et profond que celui des splendides statues hindoues. Dans les deux cas, nous représentons une danse éternelle de création et de destruction qui est la base de tout phénomène naturel, la base de toute existence. C'est pourquoi j'ai superposé les deux. Là vous avez la "danse de Siva" du XIIème siècle mêlée à celle du XXème siècle. Vous pouvez voir que cette image de la danse cosmique unifie d'une très belle manière la mythologie ancienne, l'art religieux, la vision mystique et la science moderne."
C'est un extrait d'une conférence donnée par Franck Capra (auteur du "Tao de la Physique") lors du Symposium de Los Angeles "Physique et Métaphysique" du 29 octobre 1977. Lors de cette conférence, Franck Capra, physicien de renom, explique les liens entre les découvertes de la physique quantique et les intuitions des grands sages de l'Inde sur la nature même de la matière. C'est une toute nouvelle vision de l'univers qui s'offre à la science et cette vision correspond terriblement à celle que les yogis avaient déjà depuis des millénaires.
Cet extrait est reproduit par Swami Vishnudevananda dans son livre "Méditation et Mantras".
Je le reproduis à mon tour parce que je le trouve tout simplement passionnant. Alors oui, peut-être ca manque un peu de légèreté mais en même temps ca pose direct un fait:
on est pas là pour parler tricot! :)
"Quelle sont la nature et l'origine de l'univers? Quelle est la nature de l'existence humaine? En quoi consiste la matière? Quelle est la relation entre l'esprit et la matière? Qu'est-ce que l'espace? Qu'est-ce que le temps? À travers les âges, les hommes et les femmes ont été fascinés par ces questions. Différentes approches ont été développées dans divers contextes culturels et à différents moments.
Les artistes, les scientifiques, les shamans, les mystiques, tous ont leur propre façon de décrire le monde, verbalement ou non. Nous allons considérer surtout deux approches: d'un côté, nous nous préoccupons de la science occidentale moderne et de l'autre, du mysticisme oriental, en particulier la tradition du yoga. Nous verrons qu'ils mènent à des vues du monde très similaires.
Mon domaine est la physique, une science qui, au XXème siècle a abouti à repenser radicalement plusieurs de nos concepts fondamentaux qui concernent la réalité. Par exemple, en physique subatomique le concept de matière est très différent de l'idée traditionnelle d'une substance matérielle telle qu'on la soutenait en physique classique. Il en est de même pour les autres concepts de réalité, tels que l'espace, le temps, les objets ou la causalité. Tous ces changements dans nos concepts de la réalité font apparaître une nouvelle vision du monde. Elle s'avère être très proche de celles des mystiques de tous les âges, et de toutes les traditions, en particulier des philosophies religieuses d'Extrême Orient: Hindouisme, Bouddhisme, Taoïsme.
Dans la tradition du yoga, on dit qu'il y a plusieurs chemins, tous conduisant à la connaissance spirituelle et à la Réalisation du Soi. Je crois que la physique moderne peut être aussi, jusqu'à un certain point, un chemin. Sa vue de l'univers est en harmonie avec celle des grands yogis et sages. C'est dans ce sens que je veux parler du yoga de la physique.
La physique classique occidentale a ses racines dans la philosophie des Atomistes Grecs du Vème siècle, une école philosophique qui voyait la matière composée de particules de base appelées atomes. On croyait qu'elles étaient de morceaux de matière dure, solide et fondamentalement passive. On disait que cette matière inerte changeait à cause de forces naturelles extérieures et de catégories entièrement différentes et provenant du royaume spirituel. Ainsi une dichotomie fût créée qui devint la base de la pensée occidentale des siècles suivants. Elle donna naissance au dualisme entre l'esprit et la matière, entre le mental et le corps.
En contraste avec la vision mécanique de la science occidentale classique, la vision orientale est plutôt une vision organique, holistique ou écologique. Les choses et les phénomènes sont perçus comme étant des manifestations différentes de la même réalité. La division du monde en objets séparés, bien qu'utile et pratique sur le plan de tous les jours, est considéré comme une illusion - maya- comme disent les Hindous. Pour les mystiques occidentaux, le caractère des objets est fluide et change constamment. Le changement et la transformation, le flux et le reflux, jouent un rôle essentiel dans leur vision du monde. Ils voient le cosmos comme une réalité indivisible et toujours en mouvement. Il est à la fois vivant, organique, spirituel et matériel. Aujourd'hui, la physique moderne en arrive à une opinion très similaire.
Au XXème siècle, les scientifiques occidentaux commencèrent à explorer l'atome. Ils découvrirent que les atomes n'étaient pas durs et solides, mais formés principalement d'espace vide. Chaque atome a un minuscule noyau, fait de particules autour desquelles tourbillonnent d'autres particules. D'abord, les scientifiques décidèrent que ces particules subatomiques étaient les blocs fondamentaux et essentiels de la matière, mais ils découvrirent que ceci était faux quand, dans les années 1920, la théorie des quantas, la base théorique de la physique atomique, a été formulée.
La théorie des quantas démontrait que les particules subatomiques n'avaient aucune signification en tant qu'entités isolées, mais pouvaient seulement être comprises comme des interrelations entre diverses opérations d'observation et de mesure. Les particules ne sont pas des objets, mais des interrelations entre les objets et ces objets sont des interrelations entre d'autres objets, et ainsi de suite.
Ainsi, la théorie des quantas révèle une unité fondamentale de l'univers. Elle montre que nous ne pouvons pas décomposer le monde en unités minuscules existant indépendamment. Lorsque nous pénétrons dans la matière, la nature ne nous montre aucun élément de base isolées, mais apparaît plutôt comme des entrelacs compliqués de relations entre les différentes parties d'un tout unifié.
En outre, ce réseau de relations est en soi dynamique. Selon la théorie des quantas, la matière n'est jamais en repos, mais toujours en état de mouvement. Macroscopiquement, les matériaux qui nous entourent peuvent paraître morts et inertes, mais si vous grossissez une pièce de métal ou une pierre au microscope, vous réalisez qu'elles sont toujours pleines d'activités.
La physique moderne dépeint la matière comme passive et inerte mais dansant et vibrant continuellement. ceci ressemble beaucoup à la description du monde que donnent les mystiques orientaux. Ceci souligne que l'univers doit être compris sous son aspect dynamique. Ses structures ne sont pas statiques et rigides mais devraient être considérés comme un équilibre dynamique.
Les physiciens parlent de la danse continue de la matière sub-atomique qui est en perpétuel mouvement. En fait, ils ont utilisé les termes: "Danse de création et de destruction" ou "danse de l'énergie". Ceci vient naturellement à l'esprit quand vous voyez certaines photos de particules prises par les physiciens dans leur laboratoires.
"Bien sûr, les physiciens ne sont pas les seuls à parler de la danse cosmique. Le plus bel exemple de cette métaphore existe peut-être dans l'Hindouisme, avec l'idée de la "Danse du Seigneur Siva". Siva est la personnification de la danse cosmique. Selon la tradition indienne, toute vie est une interaction rythmique de mort et de naissance, de création et de destruction.
"Les artistes indiens ont créé de belles peintures et sculptures du seigneur Siva dansant. Ces statues représentent la danse cosmique comme les filaments lumineux photographiés par les physiciens modernes dans leurs laboratoires. Ce sont des graphiques modernes de la danse de Siva obtenus grâce à nos procédés technologiques occidentaux les plus modernes et les plus avancés. Pour moi, l'effet produit est aussi beau et profond que celui des splendides statues hindoues. Dans les deux cas, nous représentons une danse éternelle de création et de destruction qui est la base de tout phénomène naturel, la base de toute existence. C'est pourquoi j'ai superposé les deux. Là vous avez la "danse de Siva" du XIIème siècle mêlée à celle du XXème siècle. Vous pouvez voir que cette image de la danse cosmique unifie d'une très belle manière la mythologie ancienne, l'art religieux, la vision mystique et la science moderne."